Capitalisme vert ?
Dans une perspective critique du capitalisme et des conséquences destructrices de l'accumulation, la question écologique est désormais centrale.
Un certain nombre d'auteurs s'attachent à représenter le capitalisme comme un système dévorant les ressources non renouvelables et seulement limité par l'épuisement des capacités de la planète et de son écosystème.
En transformant en marchandise toute ressource et toute forme de vie sur Terre, le capitalisme contemporain se heurterait désormais à la rareté avérée des ressources de la biosphère: la communauté scientifique et les institutions internationales ont largement reconnu les dangers du réchauffement climatique et de l'émission de gaz à effet de serre, de l'épuisement des ressources en eau potable, matières premières et énergies comme le pétrole, le gaz naturel et l'uranium, des menaces qui pèsent sur la biodiversité et sur certaines espèces animales. La sécheresse et les changements climatiques pourraient avoir à courte échéance des conséquences dramatiques, en particulier sur les populations les plus pauvres de la planète (épidémies, famines).
La crise écologique actuelle ne serait qu'une des manifestations d'une crise globale (crise financière, sociale, écologique), celle d'un modèle de capitalisme «libéral-productiviste» dominé par la recherche du profit et le pouvoir des firmes multinationales.
Face à cette crise globale, certains préconisent de rompre avec cette configuration de capitalisme néolibéral et de concevoir un «New Deal vert» (Green New Deal), fondé sur une intervention massive des États contre la pollution, la pénurie imminente des ressources et la dégradation accélérée des écosystèmes. Cet ensemble de mesures gouvernementales permettrait d'atteindre un certain nombre d'objectifs économiques et sociaux: création d'emplois dans le domaine de l'environnement et des énergies nouvelles, investissements publics dans les infrastructures écologiques (services publics, transports collectifs dans les villes, éoliennes...), incitations fiscales vers les firmes réduisant leur consommation d'énergies fossiles, taxation des profits pour permettre aux États d'investir dans le domaine des énergies non polluantes, etc.
L'émergence d'un capitalisme «vert» s'inscrit dans mie critique idéologique et politique plus globale des méfaits de la croissance matérielle, associée au productivisme et à un mode de consommation tourné vers l'accumulation de biens et services et la satisfaction de besoins artificiels.
J-P Biasutti & L. Braquet - Comprendre le capitalisme, juillet 2010