Conservatisme

Publié le par Climat2050


Selon Le Monde daté des 16-17 août, la négociation sur le projet de traité international sur le climat et la limitation des émissions de gaz à effet de serre qui devrait être adopté à Copenhague dans trois mois serait en train d'échouer. Les pays en développement estiment que les pays de vieille industrialisation se défaussent sur eux d'une partie des efforts nécessaires, alors même qu'ils sont les principaux responsables de la situation actuelle. Par rapport au niveau de 1990, ces pays de vieille industrialisation devraient en effet réduire leurs émissions de 25 % à 40 % en 2020, et de 75 % en 2050, si l'on veut parvenir à limiter à 2 °C la hausse moyenne des températures sur la planète d'ici à la fin du XXIe siècle, sans pour autant , handicaper les efforts de développement des pays du Sud. Or ils ne veulent s'engager que sur un objectif de 15 % à 21 %. En gros, moitié de l'effort nécessaire.

J'avais cru, comme beaucoup, que l'envolée des prix du pétrole au cours du premier semestre de l'an dernier serait interprétée comme un signal d'alarme et que nos sociétés comprendraient le message. Que le mécanisme des prix de marché risque de ne pas suffire à impulser un changement d'une ampleur suffisante. Parce qu'il est brouillé par de fantastiques mouvements erratiques. Et la fiscalité a plutôt atténué les évolutions qu'elle ne les a accompagnées : les cotisations réelles liées à l'emploi salarié ont été multipliées par six entre 1960 et 2008, alors que le prélèvement fiscal sur le litre de carburant est demeuré stable.

Hélas, le poids des lobbies conjugué aux inquiétudes sur l'emploi est en train de faire voler en éclats le consensus environnemental qui se dessinait. Certes, tout n'est pas perdu et des travaux en cours montrent tout l'intérêt d'une "fiscalité carbone". En venant se substituer assez largement à la fiscalité actuelle, elle aurait la double vertu d'inciter puissamment à diminuer la consommation d'énergies fossiles tout en réduisant la fiscalité pesant sur le travail ; ce qui faciliterait l'emploi et/ou la compensation en faveur de ceux qui n'ont pas les moyens financiers d'investir dans des pratiques énergétiques moins coûteuses.

Mais, là encore, le conservatisme est de rigueur. Le rapport Rocard - taxer à hauteur de 32 euros la tonne de CO2 émise et augmenter progressivement cette taxation en vingt ans jusqu'à 100 euros - risque fort de finir à la poubelle. Parce que ce gouvernement, qui se flatte de vouloir réformer, est trop attaché au libéralisme pour croire aux vertus de la taxation et de l'intervention publique.


 

Denis Clerc


 

   Lire le texte complet dans Alternatives Economiques – septembre 2009

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